Vol vers Chongqing

Chongqing, c’est aussi loin de Pékin ou Tianjin que Varsovie de Paris. C’est la grande ville sur la Longue Rivière (Chang jiang, ou Yangtsé),  juste avant qu’elle traverse les montagnes par les Trois Gorges pour aller du Sichuan (la province des quatre rivières) au Hubei (la province au nord du lac) avant d’arriver à l’Océan Pacifique près de Shanghai. C’est aussi l’occasion de distinguer les journalistes fainéants (Chongqing, la plus grande ville du monde, 30 millions d’habitants) de ceux qui se sont renseignés (la municipalité de Chongqing, 30 millions d’habitants, est deux fois plus grande que la Belgique, et la ville de Chongqing elle-même a 8 millions d’habitants, ce qui n’est pas mal).

Tianjin est en haut à droite, Chongqing en bas à gauche, Xi’an entre les deux, Shanghai en bas à droite. Pour mieux voir, cliquer sur la carte.

C’est à Chongqing que mon ami Lucas enseigne le français cette année (l’an dernier à Xi’an, l’an prochain dans le Sud, jusqu’à ce qu’il parle bien chinois).

J’aime voyager. Mais le plus souvent j’attends que mon épouse soit en vacances. Nous partons ensemble. Elle est très inquiète quand je pars tout seul, même aussi près que Pékin. Avant c’était parce que je ne saurais pas me débrouiller dans un pays étranger; maintenant c’est parce que je suis vieux et fragile. Mais si elle sait que quelqu’un m’attend à l’arrivée, elle se rassure. J’en profite donc. J’ai essayé de prendre le train (24 heures de Pékin à Chongqing). Autour du 1e mai c’est une tâche impossible. Le premier jour de mise en vente des billets aux guichets, dix jours avant le départ, il ne restait pas une place, même en couchette molle (compartiments fermés, 4 par compartiment, au lieu de 66 dans un espace ouvert pour les couchettes dures; sinon ce n’est pas plus moelleux, la Chine n’est pas le pays du moelleux), qui coûtent plus de la moitié du prix de l’avion. Il faudra que j’apprenne à commander un billet sur Internet. Je prends donc l’avion.

 J’aime prendre l’avion. Rien que le tableau des départs me fait plaisir (Tianjin n’a que des vols intérieurs ou presque; cliquer pour lire le tableau). Et il y a les avions. Je suis de la génération qui a entendu Gilbert Bécaud dimanche à Orly.

Cette vieille dame qui pose n’est pas blasée non plus. Elle fait partie d’un groupe troisième âge qui rentre à la maison, près de Chongqing, après une excursion à Pékin et Tianjin.

C’est très difficile de prendre une bonne photo dans un aéroport. Les vrais avions sont dehors au soleil derrière les vitres et il n’y a pas moyen d’ éclairer assez le sujet. Mais l’administration de l’aéroport est attentive aux désirs de ses voyageurs.

20 yuans l’image plastifiée 18×24 cm. 30 yuans la grande image, avec un porte-clés au même décor. Et les photographes sont charmantes.

Photo volée (j’ai copié un de leurs échantillons sur leur comptoir). J’espère qu’elles ne m’en voudront pas.

Un peu plus tard, j’attends l’embarquement dans le vol PN6238 (Xibu Hangkong, Air Ouest, une des nouvelles compagnies régionales indépendantes; mais c’est une fiction, ce sont toutes des sociétés de l’Etat et des provinces). Le groupe de Chongqing fait déjà sagement la queue. Les sacs carrés sont des grandes boîtes de Shibajie Mahua (chanvre de la dix-huitième rue, une friandise bourrative, biscuit filé en forme de corde tordue qui enferme des cristaux de sucre parfumé; le souvenir qu’il faut rapporter de Tianjin).

Il n’y a personne de plus redoutable qu’un groupe troisième âge de touristes de la campagne. Si j’étais le gouvernement chinois en train de contester au Japon la souveraineté sur l’archipel Diaoyu , j’enverrais une flotte de bateaux de croisière et je ferais débarquer leurs passagers avec parasols, tables de jardin, et coffres chargés de petites boîtes blanches de pique-nique. Le Japon n’aurait rien pour s’opposer à l’invasion.

J’aime beaucoup la fiche d’instructions de sécurité de Western Airlines. On croirait presque qu’un atterrissage d’urgence est une partie de campagne. Cinq langues, dont le japonais, le russe, et le coréen.

L’avion part vers le nord, puis revient survoler le centre de la ville. La gare est en bas à droite. On apercevrait presque notre résidence quelque part en haut à gauche (cliquer pour voir une grande image). La couleur bizarre du paysage est l’effet secondaire de la machine à voir à travers la brume que j’ai utilisée pour améliorer les images. Dans la réalité, l’air est un peu brouillé comme presque toujours, sauf par grand vent.

Suite de la leçon de géographie : un morceau de campagne hautement occupée, avec une autoroute sur pilotis pour ne pas prendre trop de place, la rivière à gauche, et un canal. Les stries blanches sont des serres.

Un autre morceau de plaine. A gauche ce n’est pas une ville, mais un village.

Nous sommes sortis de la plaine, vers les montagnes à l’est de Xi’an, et les hommes ne remplissent pas complètement le paysage, mais ce n’est pas faute d’essayer. En haut, un lac de barrage.

Ca doit être pas loin de Xi’an, d’après l’heure. En haut, le plateau d’argile (le loess des manuels) entaillé par les vallées. Partant du bas, une voie de chemin de fer disparait dans un tunnel.

Pas de paysage pendant une heure. Nous approchons du Sichuan, pays pluvieux. Le terrain réapparait tout près de Chongqing, après que l’avion ait traversé les nuages. Pas de doute, c’est un autre pays, en pente enfin.

Les gens de Chongqing vont reconquérir leurs bagages. Je les verrai encore, toujours en groupe, partir vers la gare des autobus.  Je m’adresse au guichet des billets de la navette vers le centre ville où je compte monter dans le métro pour atteindre l’université loin au sud. Les hôtesses me dissuadent d’acheter leur marchandise. Il est bien plus simple de prendre tout de suite le métro.Il y a un distributeur automatique de tickets.

Rien de plus simple. La station est sous un coin de l’aérogare. A Pékin, le métro est logé dans un palais relié au terminal 3 par un pont. La municipalité de Chongqing a d’autres occasions de faire des monuments grandioses, ses ponts sur la vallée du Changjiang par exemple.

Soleil couchant. Tout s’est bien passé. Je suis dans ma chambre de la résidence des experts étrangers où Lucas a son appartement. Devant nous, le campus de l’université de l’industrie et du commerce, Gongshan Daxue, sa forêt, son lac de barrage. A droite les dortoirs des étudiants, à gauche quelques unes des villas du domaine fermé pour riches; la résidence des experts est la plus modeste près de l’entrée. Demain j’irai écouter les cours de français, rencontrer les collègues de Lucas, et m’asseoir dans le public du concours oratoire des étudiants de première année. Puis ce seront les vacances du 1e mai, et Lucas en concert, c’est pour l’écouter qu’il m’a invité. J’en parlerai plus tard. (dommage pour ceux qui vivent à l’intérieur de la Grande Muraille: cette video est inaccessible, contrairement à Gilbert Bécaud qui est sur Dailymotion Chine, autorisé depuis peu.)

Une dernière photo aérienne, de toute la ville vue du sud. C’est la maquette géante de la ville comme elle sera en 2020. J’ai marqué l’université d’une croix, sur la limite entre le jaune et le vert près du centre de l’image. A droite le Changjiang coule vers les Trois Gorges. Le nom de la ville est calligraphié sur fond de nuages.

2 commentaires sur “Vol vers Chongqing

  1. Très bonnes photos geographiques ! Et même pour moi, c’est la première fois que j’ai entendu que ‘ la photo devant un avion ‘ peut être proposée par l’aéroport !

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