Nous sommes dans la saison difficile de l’année. Il a commencé à faire froid, et le chauffage urbain ne fonctionne pas encore. L’hiver commence officiellement le 15 novembre. L’année où je suis arrivé, la municipalité promettait que, grâce aux améliorations récentes, elle pouvait promettre 16 degrés dans les logements. L’année dernière nous avons eu réellement 19 degrés quand le chauffage a fonctionné. En attendant, j’ai attrapé un gros rhume.
Ce n’est quand même pas pour ça que mon blog est en retard. C’est que j’ai été obligé de changer d’ordinateur. Il est tombé en panne, l’écran s’est éteint définitivement après quelques clignotements, et ce n’est pas l’écran qui est en panne. Heureusement, les fichiers intéressants sont sauvegardés sur des disques externes, ou en ligne. Je suis donc parti en acheter un autre. J’ai fini par me laisser tenté par un beau modèle cher, proposé en solde par la grande librairie qui avait essayé de vendre des ordinateurs au même rayon que les disques durs et les cartouches d’encre. Ca n’avait pas marché. J’ai proposé encore un rabais d’un tiers en expliquant à la vendeuse que personne d’autre que moi ne lui achèterait sa dernière machine. Il a fallu encore un jour, le temps qu’elle se mette d’accord avec son chef, et j’ai eu ce que je voulais.
Sur l’image, on voit les vendeuses qui ont retrouvé l’emballage et les accessoires. Ensuite elles ont insisté pour porter le grand carton à ma place jusqu’à l’entrée du magasin, et me regarder partir en taxi. La bouilloire blanche au premier plan n’est pas un article du rayon, ni les pots à thé.
Ici, tenir boutique, même dans un grand magasin moderne, c’est encore un genre de vie. Le repas de midi attend au milieu des lampes de bureau de grand luxe.
Deux jours avant, j’avais cherché un nouvel appareil photo pour remplacer celui qui était tombé en panne à la campagne. Il m’en fallait un qui ait l’air sérieux, pour honorer ceux que je fais poser, et qui permette quand même, selon le besoin, de photographier sans que les intéressés se sentent visés. Un téléphone à écran tenu au bout du bras ne répond pas à la question, même s’il prend des bonnes photos.
J’ai trouvé la machine dont je rêvais, à l’étage photo et téléphone d’un autre grand magasin. Mais c’était le seul exemplaire qui restait dans le rayon, et le jeune vendeur a essayé de m’expliquer qu’il ne pouvait pas me le vendre, parce qu’il ne pourrait pas le remplacer puisque ce modèle n’est plus fabriqué. Comme je n’avais pas l’air convaincu par l’argument, il m’a proposé de m’asseoir et tout le personnel du rayon a longuement consulté avant d’accepter de me céder la marchandise, avec la réduction qui est accordée à tous les clients sur le prix marqué.
En attendant, ils avaient laissé l’appareil entre mes mains et j’ai photographié un autre client qui attendait comme moi le résultat de la concertation entre ses quatre vendeurs d’une grande marque de smartphones. Acheter quelque chose ici dans le grand commerce est une aventure. Je crois que les vendeurs se sentiraient mieux dans une boutique, avec le patron à portée de voix.
Et comme mon mois d’octobre a été celui des machines qui ne fonctionnent plus, j’ai été alerté par ma banque en France (celle qui reçoit mes pensions de retraite) que mon dernier virement vers ma banque en Chine avait une difficulté. C’était déjà arrivé, plusieurs années avant, quand le système informatique des transferts internationaux de la Banque de Chine (qui n’est pas comme la Banque de France, mais plutôt comme le Crédit Agricole avec des agences un peu partout) avait été changé. Après accord sur l’énoncé exact de mon nom pour la banque (26 caractères pour mon nom et tous les prénoms qui figurent sur mon passeport, alors qu’un client normal a un nom en 3 caractères) tout est bien allé, pour quelques années. Apparemment, la vertu de la solution est épuisée.
Comme la fois précédente, sur le conseil de mon agence habituelle, je suis allé au siège provincial de la Banque de Chine, où j’étais sûr de trouver quelqu’un qui parle anglais, pour servir d’intermédiaire avec quelqu’un qui puisse agir.
Je suis donc en face de l’agent qui va régler mon problème. Pendant qu’elle est partie consulter un expert, je peux contempler son équipement: l’écran d’ordinateur (le clavier est rangé dessous), l’appareil à imagerie qui permet de capter en même temps un document posé sous l’objectif et le visage du client, le clavier pour le codes, le tampon à encre rouge pour authentifier les documents (l’imprimante est à peine visible à gauche). Il y a aussi le petit appareil à quatre boutons pour que le client exprime son opinion (excellent, bon, médiocre, mauvais), et le stylo que le client doit utiliser pour signer (ailleurs j’ai vu aussi des bésicles à sa disposition pour lire les petites lettres du document).
Dommage, la photo ne rend pas un bon hommage au costume bleu d’agent de banque; on ne voit pas la cravate rouge et blanche d’uniforme, mais on aperçoit le filet qui enferme ses longs cheveux. Le temps passe. Après une demi-heure, j’apprends que je devrai revenir avec le passeport (périmé) qui a servi à ouvrir mon compte il y a neuf ans (le temps passe), et le passeport valide actuel. Ainsi il sera possible de transférer mon compte sur un autre dans le système rénové et d’y mettre l’argent arrivé de France. Quelques jours après, je suis appelé au téléphone. Mon nouveau compte est prêt, je n’ai plus qu’à revenir pour signer les papiers, et plus tard l’argent arrivera. J’ai vu cinq personnes penchées sur mon problème, et il aurait été inconvenant de manifester de l’impatience.
Voici l’entrée du siège, avec un lion de pierre à gauche (celui de droit est caché par le camion jaune), et le logo de la Banque de Chine.
Vu de plus loin, l’immeuble du siège provincial de la Banque de Chine, tout neuf, dans le cadre également tout neuf d’un nouveau quartier selon l’idéal de la municipalité, jardin public et avenue bordée de haies verdoyantes. Quand je suis arrivé, c’était une rue quelconque bordée de résidences également quelconques, avec des gens qui jouaient aux cartes sur le trottoir devant les entrées.
Mais on peut se rassurer: la vie normale se rétablit. La baraque de la permanence de quartier s’est réinstallée. On peut apercevoir le fauteuil où le titulaire s’asseoit quand il fait beau, et les petits tabourets de plastique rouge pour recevoir son cercle social. Dans quelques jours, mon argent sera peut-être arrivé sur mon nouveau compte.
Quelque chose de complètement différent. Cette photo a été prise à Jixian, où nous étions en voyage à la campagne. C’est un kaki, un de ceux que nous avons mangés au pied de l’arbre. shizi, le premier caractère désigne l’arbre, le second est zi l’enfant. Le fruit est l’enfant de l’arbre. J’en parle parce que je viens de manger le dernier de ceux que ma chère épouse avait rapporté de là-bas. Beaucoup de kilos, et pas mûrs pour supporter le voyage. Elle les a fait mûrir, et quand ils ont été mûrs nous en avons mangé, puis elle les a congelés parce qu’ils ne pouvaient plus attendre, et elle en sortait un tous les soirs pour que je puisse le manger au petit déjeuner.
Mais ils ne sont plus vraiment bons. Quand le kaki mûrit sur l’arbre, sa peau devient de plus en plus fine, jusqu’à ce qu’elle se déchire, et le fruit tombe en laissant sa queue sur la branche.
J’ai quand même mangé ceux qui avaient fini de mûrir au réfrigérateur, avec une peau comme du cuir, qu’il faut ouvrir pour les manger à la cuillère. Difficile d’expliquer cela à une maîtresse de maison chinoise qui est si contente d’avoir acheté pas cher de bonnes choses. Je vais montrer Tintin au Tibet:
(cliquer pour voir la page en grand)
Je m’aperçois que je n’ai parlé aujourd’hui que de ce qui ne marche pas. Et mon ordinateur aussi ne voulait pas marcher. Réveillé après si longtemps à ne rien faire dans un magasin, le « système Windows 7 » s’est embrouillé avec le grand ordinateur qu’il doit consulter pour obtenir les « mises à jour », et plus rien ne marchait. C’est un ordinateur qui parle chinois. Quand tout va bien je me débrouille. Mais cette fois j’ai renoncé, et maintenant il parle français. J’ai mis deux jours à le persuader de fonctionner comme le précédent. Je renonce de plus en plus.
C’est avec plaisir que je vous lis à nouveau. Un grand merci depuis l’Anjou.
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C’est clair Ebolavir, vous avez été marabouté.
Comme je suis justement le seul marabout français capable d’intervenir sur les problèmes rencontrés par les occidentaux, je vous propose mes services, paiement après résultats.
Plus sérieusement j’ai eu la chance de croiser brièvement mon amie Neige, la sorte de caillou que j’étais en train de devenir, blogueusement parlant, sent les fluides circuler de nouveau entre ses diaclases.
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