Je ne sais pas si vous lisez la rubrique des faits-divers politiques dans les journaux français sérieux. J’ai appris que le timbre-poste ordinaire avait une nouvelle figure de Marianne (l’article du Monde est-il encore en ligne ?).
Je l’ai tout de suite reconnue. On la voit partout dans le métro. Elle est Russe et elle vend la nouvelle boisson blonde, le Kwass Wahaha (le kwass, c’est une espèce de bière extrêmement douce, deux degrés d’alcool, que les familles russes préparent à la maison avec les croûtes de pain, et que l’industrie propose maintenant que les Chinois rêvent de manger et de boire étranger; Wahaha, c’est la marque de l’eau du robinet stérilisée en petites bouteilles plastique).
En regardant les images d’autres essais du dessinateur dans Le Monde, je n’ai plus de doute. La fille aux longues jambes, au regard clair et aux boucles blondes, arrivée au pays des filles aux cheveux noirs et aux petits yeux noirs, a aussi posé pour être la nouvelle Marianne de François Hollande.
J’aime beaucoup cette image, à commencer par le chapiteau de colonne grecque qui supporte les deux soeurs jumelles et leur bouteille (il y a bien plus de frontons et de colonnades à Tianjin qu’à Paris, et on continue d’en construire). L’affiche fait grand effet dans les stations. Justement le métro de Tianjin manque d’images réjouissantes.
(digression: je me demandais pourquoi les sacoches des hommes s’étaient récemment élargies; c’est pour accueillir une tablette numérique grand format; avant, tout le monde dans le métro contemplait son téléphone, maintenant ils ont tous leur ardoise sur les genoux ; moi aussi j’en ai une, et le sac qui va avec).
Traduction du grand texte : xiǎng hēng shòu ài de wēnnuǎn , jiù hē géwǎsī ; dans la chaleur d’une pensée amoureuse, alors buvez un kwass (ou quelque chose comme ça). Avec une image de charrette, tonneaux et vieux paysan à casquette et grand tablier, complètement exotique et qui n’a rien à voir avec le discours de la blonde, sauf que c’est Russe, pas chinois.
Voici une autre Marianne, dans mon hypermarché habituel, celui qui me vend des yaourts et du vrai jus d’orange. Une Marianne bulgare, mo si li an, (c’est du phonétique, pas de sens). Elle vend du yaourt bulgare (du lait stérilisé, 12 petis sacs de 190 grammes dans un grand carton décoré), nettement plus cher que le lait de Mongolie (ça fait pas loin de 3 euros le litre). Le village de Momchilovtsi (ici la vision de l’office du tourisme de Bulgarie) a réussi à attirer les Chinois chez lui. A Chongqing on m’avait proposé du lait allemand hallal. Au moins Wahaha, entreprise nationale, fait du kwass entièrement chinois, y compris le fantasme de fille blonde qu’elle a essayé de mettre dans la bouteille.
Avec tout ça, quand j’ai vu des petits schtroumpfs au rayon des gadgets, téléphones pas chers et piles rechargeables, je me suis demandé si le monde tournait encore à l’endroit. Après examen, ce sont des clés USB, tout à fait sérieuses, fabriquées l’année dernière, qui n’ont pas trouvé leur chemin jusqu’à l’Europe. Celui qui les a rachetées a collé derrière une petite étiquette en chinois, qui garantit la conformité aux normes nationales (ne convient pas aux enfants en dessous de trois ans). La vendeuse ne savait pas de quoi il s’agissait mais a accepté de m’en vendre une (88 yuans, presque le prix marqué en euros) après que je lui aie affirmé que je savais ce que j’achetais.
Pour me changer les idées, dimanche soir pleine lune, je suis allé me promener au bord de la rivière. Des gens faisaient de la musique, d’autres de la gymnastique (il avait fait tellement chaud pendant la journée que personne n’avait bougé avant), et des jeunes gens se baignaient.
C’étaient des ouvriers du chantier voisin (pour ceux qui n’ont jamais vu, les ouvriers d’un chantier logent dedans, dans des préfabriqués avec galerie qui a vue sur le lieu de travail où il se passe quelque chose jour et nuit, confort et climatisation de plus en plus souvent, mais lits superposés à trois étages; quand il fait beau, on est mieux dehors). Ils avaient emporté leur casque jaune pour le poser à côté d’eux au bord de l’eau.
Quelque chose de complètement différent: la mécanique de suivi de fonctionnement du blog me dit quelquefois d’où (de quel site internet contenant un lien avec le blog) viennent les visiteurs. J’ai vu qu’un visiteur était venu de la Bibliothèque nationale de France, service du dépôt légal numérique. J’ai écrit et une dame qui porte le titre de « Chargée de collections » m’a répondu: » … votre blog a été sélectionné par des bibliothécaires pour son intérêt documentaire et fait l’objet d’une collecte régulière, en profondeur, » Donc cet écrit, ses images et ses commentaires sont conservés à l’intention des chercheurs accrédités actuels et futurs. En même temps que beaucoup d’autres, on le trouvera peut-être un jour dans la bibliographie d’une thèse de sociologie historique sur l’installation des Français en Asie au début du XXIe siècle, ayant échappé à la disparition même quand je ne paierai plus l’abonnement.
Je l’aime bien cette Marianne, jolie et qui plus est souriante! Ça nous change des Marianne dépressives ou tirant la gueule!-P
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Cette Marianne est jolie,je la verrai bien nous faire la reclame des Flamboyants Flanby framboises….Pas vous!!
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Bravo pour l’intérêt que suscite « Manger du chou chinois » auprès de la Grande Bibliothèque. C’est toujours un plaisir de voyager et de s’instruire à travers vos lignes…
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C’est vrai que la ressemblance est frappante mais le dessinateur a-t-il eu l’autorisation du modèle? Si la réponse est non, y a du procès dans l’air…
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