Noël en Allemagne

J’ai passé un samedi en Allemagne, pour la foire de Noël. Je en suis pas allé en Europe pour ça, juste dans les cours de l’ambassade d’Allemagne. C’est mon amie Petite Feuille qui m’a demandé de l’accompagner à Pékin. Elle est toujours au courant de ce qui se passe; cette fois c’est un ami pékinois qui l’avait alertée.

Le territoire allemand est en vue. Une occasion de se rappeler que « Allemagne » se dit de guo, vertu, pays. L’Allemagne est le pays de la vertu, comme la France fa guo   est le pays des lois, et l’Amérique mei guo  le pays de la beauté. A tel point que quand Google traducteur rencontre mei nu jolie fille, il traduit par « Américaine ». Mais revenons au sujet du jour. A 11 heures et quelques minutes nous sommes devant le portail. Tout le monde peut entrer, pas de passeport à présenter. Quand je pense à l’ouverture du portail sur le jardin de l’ambassade de France en 2007 le jour de l’élection présidentielle, entouré de policiers chinois frénétiques qui empêchaient les citoyens chinois d’entrer en même temps que leur conjoint ou ami(e) citoyen français, quelque chose a changé.

Le petit soldat de l’Armée Populaire est là pour donner une apparence d’autorité face à la queue de ceux qui veulent entrer. Nous regardons les centaines de gens qui attendent sagement. La file s’étend sur trois côtés du mur qui entoure  les cours de l’ambassade.

Ici, nous avons bien progressé, nous sommes déjà à l’opposé de la grande entrée, là où les demandeurs de visa font la queue les jours de semaine. Un regard sur le panneau d’avertissement: Pas d’entrée pour les personnes qui des armes, couteaux ou autres menaçants objets avec elles apportent ! Mais ce n’est pas le jour.

Il ne fait pas vraiment froid, il n’y a pas de vent, c’est justement un de ces jours où l’air de Pékin n’est plus transparent. C’était déjà comme cela quand je suis arrivé en Chine. Mais maintenant on en parle dans les journaux en Occident, et l’air dangereux de Pékin est devenu presque un élément de statut pour un expatrié. Or nous sommes dans le plus grand rassemblement d’expatriés que j’aie vu depuis longtemps.

Ne confondons pas: cette dame porte un masque en tissu contre le vent et la poussière, comme Matteo Ricci en avait vu vers l’an 1600 (il note que c’est très pratique: devenu impossible à reconnaître, on est ainsi dispensé des salutations et courtoisies rituelles chaque fois qu’on croise une personne de connaissance). Mais pour manifester qu’on se protège contre la pollution, il faut des équipements qui aient l’air plus sérieux.

Léger et très technique.

Le noir est la couleur des équipements de haute technologie.

A gauche, ce masque 3M de conception américaine et d’aspect austère a été adopté par la majorité.

Le même masque 3M porté par trois Scandinaves. J’ai attendu que la jolie fille de droite montre son profil pour prendre la photo. Cette couleur de cheveux est devenue à la mode chez les Pékinoises et on ne peut plus se fier à grand-chose.

Toute une famille consciencieusement équipée.

Une Japonaise et une Allemande (probable, impossible de les entendre distinctement d’un peu loin).

Une Asiatique équipée d’un masque moderne plus léger.

Les filles chinoises, qui n’ont pas de problème de rang à tenir, s’équipent légèrement. Le masque de papier plissé de la jolie fille de droite se voit dans la rue en toute saison.

Il y en a à qui ça va très bien. Leur regard est mis en valeur.

Nous n’avons pas que la contemplation des visages masqués. Ceux qui attendent sont entourés d’attentions.

Voici une des chorales de la communauté allemande. Au passage, notez que le flou de l’arrière-plan n’est pas un effet artistique. L’air n’est vraiment pas transparent.

Le Père Noël de l’ambassade distribue des bonbons et se laisse prendre en photo avec les petits et les grands.

Cette charmante commerçante vend des lunettes pour déguisements de fête. Je lui en achète une paire sans marchander, trois fois trop cher, rien que pour la faire poser et l’entendre me raconter que son grand sac lui a été rapporté de France par une amie qui lui a dit que c’est une marque de luxe très renommée là-bas (en fait, elle n’a pas tort).

La télévision allemande est là pour enregistrer le succès de la fête, mesurée en nombre et en endurance de ceux qui veulent participer. Nous faisons la queue depuis deux heures et plus.

La journaliste m’interviewe dans un français digne de France-Culture, après une tentative ratée en anglais. Elle est déçue que je lui parle des bonnes choses européennes à boire et à manger qui nous attendent (il est 1h30 de l’après-midi), et pas de la culture allemande. J’essaie de me rattraper en disant que je serai très content d’être en Allemagne où je ne suis pas allé depuis des années (photo de Petite Feuille).

La fête a délégué une boutique mobile qui propose des petits gâteaux et des tisanes, au profit des bonnes oeuvres. Le portail est tout proche.

Nous sommes arrivés. Le décor est exactement le même que dans la rue allemande du quartier de style italien de Tianjin, mais c’est « vrai », les gens qui sont là sont chez eux (les Allemands) ou en visite chez des amis (tous les autres).

La boutique du vin chaud à la cannelle, proposé par Siemens.

Une occasion pour rappeler que Siemens est installé en Chine depuis très longtemps. Dans Le Lotus Bleu, qui se passe à Shanghai en 1931, on voit une affiche pour les lampes xi men zi, ouest porte fils.

Comme dans toutes les fêtes paroissiales, on est là pour donner de l’argent aux bonnes oeuvres tout en se réjouissant.

La compagnie en photo-souvenir autour d’un pot de vin chaud.

La boutique de friandises tenue par l’hôtel Kempinski (rue Liangmaqiao, derrière le Lufthansa Center, en face de l’école allemande, pas loin de la nouvelle ambassade de France, chambres à partir de 1200 yuans).

Culture allemande: la maison en pain d’épice de la sorcière de Hansel et Gretel a un grand succès (hospitalité de l’hôtel Kempinski).

A l’intérieur du grand bâtiment de l’ambassade, la salle à manger. Les Allemands ont construit quelque chose qui est capable d’accueillir les foules; ça, la nouvelle ambassade de France en serait bien incapable.

Dans le patio, le bouquiniste en langue allemande. Presque tous les livres proposés sont traduits de l’américain, comme ailleurs. Je subis une défaite linguistique. Une petite Chinoise me demande, histoire d’engager la conversation « Sie wohnen Peking ? » (vous habitez Pékin ?).  Je suis obligé de lui répondre « Wo bu hui shuo deyu. » (je ne sais pas parler allemand.).

La boutique de la paroisse allemande, bougies de Noël, chocolat chaud, livres, et invitations à faire partie de la chorale évangélique. Je me demande s’il existe quelque chose d’équivalent pour la communauté française, ou si c’est un exemple du génie qui sait reconstruire la patrie partout où les Allemands s’installent, comme je l’avais vu à Qingdao (cathédrale, temple, brasserie, et chorales, qui vivent toujours aujourd’hui) .

La chef de choeur de la Deutsche Kantorei Peking est une Chinoise (cliquer sur les petites images pour lire le prospectus; depuis un an ce blog est inaccessible de Pékin, comme tous les sites de Le Monde, divergence idéologique avec le Rêve Chinois de Xi Jinping, mais les gens qui parlent des langues étrangères sont équipés pour contourner la Grande Muraille.). Une autre boutique propose de grandes couronnes de branches de pin avec de grosses bougies rouges. J’ai vu des familles partir en en portant une sur un plateau; mais difficile de prendre le train avec.

Honneur aux bénévoles qui tiennent un des stands de rafraîchissements.

Une visiteuse essaie une spécialité exotique: un petit pain chaud, une grosse tranche de pâté-mousse comme on sait le faire en Allemagne, et de la moutarde douce.

Notre ami pékinois est si content qu’il pose avec sa découverte. Il a mis un selfie avec son sandwich sur son microblog Wechat (sur smartphone, son code: rossi-h69 ; je n’ai pas encore réussi à me connecter, mais vous y arriverez peut-être).

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Il va être temps de rentrer à Tianjin (la gare sud est de l’autre côté de la ville, à une heure de métro plus le temps d’aller à la station, Pékin est une grande ville).

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Un dernier coup d’oeil sur les autres visiteurs. Tout le monde ou presque a quitté son masque depuis longtemps, d’ailleurs l’air s’est amélioré l’après-midi, mais il reste quelques expatriés inquiets.

Juste le temps de poser avec un membre du service d’ordre à l’entrée.

deguo dashiguan, vertu pays grand envoyé palais, l’ambassade d’Allemagne (sur le dos d’un agent du service d’ordre). Petite Feuille ne connaissait pas le mot « Ambassade » et me demande de l’écrire.